Covid-19 et organisations apprenantes : les leçons de la crise
Il aura suffi de quelques semaines d’une crise sanitaire mondiale pour que chacun constate que, loin de les opposer, l’entreprise du 21e siècle se doit d’associer la puissance instrumentale du numérique avec la créativité, la sensibilité des personnes. Les débats sur le télétravail, sur les outils collaboratifs s’effacent devant la nécessité de travailler dans un monde professionnel désormais hybride.
Homo Numericus est au travail et il va falloir qu’il se forme, se transforme, tout au long de sa vie professionnelle. Avec l’augmentation de la quantité d’informations disponible partout, l’optimisation de son utilisation et de son acquisition est devenue un enjeu central.
Salles virtuelles, solutions de visio-conférences, plateformes numériques, MOOC … la batterie des outils déployés a fortement varié en fonction de la maturité numérique des organisations. Mais au-delà de l’aspect technologique, l’expérience démontre clairement qu’il ne suffit pas de connecter une webcam pour assurer la continuité pédagogique !
Si les outils ont permis cette bascule rapide du physique au digital, ils ne sont que la partie submergée de l’iceberg. En effet, c’est toute la pédagogie qui doit être adaptée et repensée pour s’habituer à ce nouvel environnement de formation. Les enquêtes menées sur le sujet, ont tendance à montrer que le timing n’a pas toujours permis une adaptation optimale. Cela constitue un axe important pour l’avenir.
Si la transformation digitale est sur le devant de la scène depuis plusieurs années déjà, cette crise a également mis en exergue certaines contraintes. La fracture numérique n’aura jamais été aussi saillante que dans cette période. Comment assurer cette continuité dans un contexte qui interdit toute interaction physique, avec un accès limité voire inexistant à internet, sans matériel informatique ? Un certain nombre d’initiatives a permis de minimiser le nombre de collaborateurs laissés sur le carreau. Toutefois, il est évident que l’infrastructure d’un côté, et l’équipement des apprenants – et des formateurs – sont des facteurs clés de succès indispensables.
Cette expérience a également permis de mettre à mal certaines croyances. Nous pensions que nos organisations et entreprises passeraient ce cap naturellement. Or, la réalité s’est parfois révélée plus complexe. En revanche, le changement de paradigme fut abrupt et a nécessité une capacité d’adaptation et d’appropriation des outils très rapide.
Au-delà des constats, cette crise constitue une véritable opportunité pour repenser les modèles pédagogiques au sein de l’entreprise, et d’imaginer les modèles de demain. L’expérience démontre que si le digital constitue un levier important, il ne peut se substituer aux interactions riches et humaines, etc. Les modèles basés sur le blended learning (association du digital et du présentiel), semblent une alternative intéressante aux modèles classiques que nous connaissons aujourd’hui.
Les effets de la crise covid vont être profonds et systémiques, et nous pouvons déjà imaginer qu’il n’y aura pas de retour « à la normale ». Ceci constitue une occasion de bousculer les paradigmes dans le domaine de la formation. C’est également une réelle opportunité pour l’Afrique. Le continent a déjà démontré sa capacité à s’approprier le levier du digital, à travers un développement rapide et de nombreux « leap frogs ». Si le continent doit urgemment lever les freins liés à l’infrastructure, il a devant lui une opportunité sans précédent d’être un précurseur comme il a déjà pu le faire dans le domaine du mobile banking notamment.
Actions pour élargir la portée de l’apprentissage en ligne pour les apprenants